RésuméLe taux de survenue d'une fistule anastomotique dans la chirurgie colorectale est de l'ordre de 6 à 10 %d ans la plupart des statistiques. Faut-il imposer à 9p atients sur 10 qui ne feront pas de fistule anastomotique une stomie d'amont dont on connaîtl es aléas ?Ce problème pose débat depuis de nombreuses années et il est malheureusement occulté pour des raisons de responsabilitésj uridiques, certains Experts n'hésitantp as à condamnerl ec hirurgien qui n'a pas réalisé de stomie d'amont systématique lorsque surviennent des complications postopératoires, mais également parce que certaines écoles chirurgicales, et non des moindres, ont érigé cette stomie d'amont en dogme.Forméàl'école de la conservation sphinctérienne sans protection d'amont dans la chirurgie du cancer du rectum à la clinique chirurgicale A. de Nancy,n ous avons étendu ce principe à toutes les anastomoses colorectales même aprèsr adio-chimiothérapie préopératoire. Une statistique personnelle de 86 cancers du rectum opérésd e1 983 à 1988 comportait 28 amputations, 31 anastomoses colorectales pour des tumeurs de la partie haute du rectum sans radiothérapie préopératoire avect rois fistules et 27 tumeurs du bas rectum avecr adiothérapie préopératoire n'ayant entraîné que deux fistules avec des suites favorables.Même aprèsr adiothérapie préopératoire, la réalisation d'unea nastomose colorectale, sans stomie d'amont, ne nous paraissait pas une aberration et ceci était d'autant plus important que tous les cancers du rectum allaient bénéficier par la suite d'une radiothérapie préopératoire. C'est cette attitude que nous avons adoptéed ans plus de 500 cas de cancers du rectum. L'équipe de Louvain ad é montré qu'une simple stomie d'amont ne diminuait pas le nombre de fistules mais rendait les complications moins gravesp ar rapport à celles survenant en l'absence de stomie. Pour éviter toute perte de chance dans ce dernier cas, il convient d'être trèsv igilant dans les deux premiers jours post-opératoires et, en se fondant essentiellement sur des données cliniques qui évoquent un état pré-fistuleux de l'anastomose, réaliser un anus transverse droit avant la reprise du transit.Reste le problème épineux de savoir pourquoi chez des patients identiques, opérésa vecl am ê me technique opératoire, ayant bénéficié d'une anastomose colorectale bien vascularisée, sans tension, certains feront une fistule et d'autres n'en feront pas.Une réponse viendrap eut-être de la poursuite des études sur le microbiote intestinal qui, pour le Professeur Changeux, neurobiologiste bien connu de l'Institut Pasteur et du Collège de France, constitue l'avancésp rincipale de la médecine en 2015.La muqueuse intestinale dont les cellules ont une duréedevie de seulementtrois jours est en effet en contact permanent avec ce microbiote dont la complexité est progressivement mise en lumière avecd es bactéries qui ont un effet eutrophique sur la cicatrisation et d'autres un effet délétère.Au vu de ces éléments on peut envisager en rêve que les chirurgiens, premiers intéressésp ar les fi...